[HISTORIQUE] Epoque Gallo-romaine

[Garnerhin]

Sources:
http://marlac.free.fr/escapade_elgr_sitverdun.htm

Verdun

Parler de la ville de Verdun à l' époque gallo-romaine semble assez paradoxal ! En effet, on serait en droit d'attendre de la part de cette ville meusienne chargée d' Histoire et connue dans le monde entier à un compte-rendu presque aussi riche et fourni que ses célèbres voisines Metz ou Reims, mais il n' en est rien !

Certe, les découvertes archéologiques faites au cours du temps de manière aléatoire ne manquent pas et recouvrent bien les périodes Préhistorique et Protohistorique, mais il subsiste à Verdun un phénomène, d' ailleurs identique à celui de Toul, qui caractérise ces deux petites cités : L' absence de traces de monuments d' époque gallo-romaine ! Ici, ni forum, temple ou théâtre !

Est-ce la conséquence de l' absence de fouilles poussées sur le terrain, ou d' une occupation du sol suivie d' une urbanisation trés modeste ? On est en droit de se poser la question. Certe, quelques substructions de bâtiments ont bien été relevées, mais l' essentiel des découvertes concernent des morceaux de sculpture, un peu de mobilier et de nombreuses monnaies gauloises et romaines. Pourtant l' activité économique a laissé ses traces. En témoigne le toponyme de la rue Mazel située au bas de la colline et qui devait correspondre à l' antique "macellum" ou "marché" de l' époque romaine. Malgré cela, même les traces de rues et de voies romaines arrivant dans la ville sont difficilement identifiables !

L' ancienne enceinte médiévale flanquée de tours et les monuments de la ville de Verdun juste avant les transformations dues aux travaux de Vauban sont bien représentés sur cette gravure du XVIIème siècle due à Israël Silvestre.

Au centre, la cathédrale et ses quatre tours romanes. A droite, la Collégiale de la Madeleine et ses 2 tours de nos jours disparues. A gauche, l' église Saint-Vanne au milieu de l' emplacement de la citadelle. On peut remarquer aussi, fermant l' entrée sud de la ville, la porte St-Victor et ses 2 tours.

Verdun sur l' Itinéraire d' Antonin est connue sous le vocable de Virodunum. Le terme "dun" ou "dunum" désignait dans l' Antiquité un site de hauteur. C' est donc à partir d' une colline dominant le confluent de la Meuse et de son petit affluent le ruisseau la Scance ( de nos jours largement détourné vers le nord ) que se développa apparemment modestement la future cité des Verdunois. Verdun était au carrefour de l' importante voie antique de Reims à Metz et de l' étroite vallée de la Meuse desservie par deux diverticules situés de chaque côté du fleuve. Il faut noter aussi que si la Meuse a pu être navigable sur une partie de son cours depuis longtemps pour le trafic fluvial de bateaux adaptés; c' est à partir de Verdun et en amont de ce fleuve que la navigation devenait vraiment problématique. On peut donc soupçonner à juste titre que Verdun a du être depuis trés longtemps un port fluvial à l' échelle de la région avec toute l' activité que cela implique. De multiples bras de la Meuse avaient aussi l' avantage de former à cet endroit de nombreux îlots aménageables et à une certaine époque, la ville s' étendait donc largement sur la rive droite de la Meuse. Il n' en reste pas moins que Verdun semble avoir été au cours du Haut-Empire un "pagus" médiomatrique, c' est à dire une subdivision administrative de sa puissante voisine Metz, la grande cité du peuple du même nom. Ce "pagus" ou autrement dit "pays" comparable au pagus de Scarpone avait une étendue qui correspondait à celle de nos arrondissements actuels et était situé dans une petite région naturelle.

Le cadre administratif romain, pratiquement inchangé depuis Auguste fut réorganisé suite aux évènements du IIIème siècle. Les réformes virent la multiplication des provinces et des cités. La Gaule Belgique dont faisait partie les Leuques et les Médiomatriques fut partagée en Belgique Première, avec pour capitale provinciale Trèves, et en Belgique Seconde (Reims). C'est donc sous les empereurs Dioclétien (284-305), et Constantin (306-337) que la dénommée Belgique Première fut formée à partir des cités de Trêves, Metz, Toul, et la toute nouvelle promue Verdun ! Le territoire propre aux Verdunois manquait malgré tout d' étendue, mais cette réforme donne l'exemple d'un pagus suffisamment évolué pour être transformé en cité autonome. On peut aussi remarquer que cette nouvelle cité naissait dans une période défavorable due à l' insécurité et a pu contribuer ainsi à dispenser Verdun des monuments qui donnent ce caractère si particulier à toutes les grandes cités romaines depuis le Haut-Empire! Lors de la chute de l'Empire Romain, la cité disparaîtra comme division administrative, mais l' Eglise la choisira comme circonscription lors de la création des premiers évêchés; calquant aproximativement ses contours sur les anciennes "frontières" des peuples. Jusqu'à la Révolution, les Trois Evêchés de Metz, Toul, et Verdun, garderont donc dans leurs limites le souvenir des anciennes cités des Médiomatriques, des Leuques, et des Verdunois.

Carte représentant l' étendues des nouvelles cités aprés la réorganisation administrative appliquée à la fin du IIIème siècle.





A partir de la fin du IIIème siècle, la jeune cité de Verdun a sans doute subit avec les invasions répétées, les mêmes déboires que ses consoeurs et s' est enfermée dans un castrum sur sa colline. Les limites connues de ce modeste castrum d' une dizaine d' hectares qui perdurera au Moyen-Âge en devenant le "Quartier du Cloître" se retrouve dans les rues verdunoises actuelles et formait une figure d' environ 500 mètres sur 250. Appelé aussi "Castrum-Fermeté", on sait que ce rempart était perçé au début de trois portes. Celle du Châtel à l' ouest, la porte du Princier ( ou de la Princerie ) au nord, et la porte Mazel à l' est.

Plan de la cité et du castrum gallo-romain de Verdun (Cliquer pour agrandir)




Plan du centre-ville de Verdun actuel avec le tracé de son enceinte antique dans les rues.





Sous les assauts répétés des crises et des invasions du Bas-Empire, la petite place-forte n' a pas du pouvoir tenir souvent, et elle garde un souvenir cuisant du passage des Huns d' Attila en 451.

On garde des témoignages de la fuite des habitants devant la poussée barbare, ainsi que les écrits d' un évêque de la place qui qualifie Verdun laissée dans l' état "d'un champ labouré par les sangliers et les bêtes sauvages" aprés le passage des Huns ! Quoiqu' il en soit; au moment ou l' Empire d' Occident disparaît en 476, les barbares étaient depuis longtemps installés en Lorraine. Il nous reste d' ailleurs de cette période, la curieuse dénomination pour la ville de Verdun d' "Urbs Sclavorum", littéralement "la ville des Slaves", qui perdurera dans les textes jusqu' au Moyen-Âge ! Tout ceci n' empêchera cependant pas le jeune Clovis de faire le siège de la ville et d' en forcer ses puissantes murailles lors de sa conquête du nord-est de la Gaule. D' aprés la tradition, Clovis, accompagné de l' évêque de la place, serait entré solennellement dans la ville aprés l' étrange reddition dans le calme de celle-ci, et aurait installé Saint-Vanne sur le siège épiscopal.

L' origine du christianisme à Verdun, difficile à cerner vu le manque de document, doit être à peu près contemporaine de celle de la fondation du siège de Toul, et se situerait donc dans la première moitié du IVème siècle. La tradition l'attribue à un certain Sanctinus plus connu sous le nom de Saint-Saintin. Il serait venu prêcher à Verdun et se serait installé dans l'actuel quartier de Saint-Vanne, au sommet de la colline et au milieu du futur emplacement de la citadelle, où il consacra un oratoire aux apôtres St-Pierre et St-Paul. Il serait mort vers 356 à Meaux, siège de ses premiers fidèles ou il était retourné faire ses offices ! Aprés 451, on entreprit de déplacer l' église, en sureté, à l' intérieur du castrum et à l' emplacement de la future cathédrale.